Durant ces plusieurs années de crise de la filière, les autorités ont débordé de créativité pour expérimenter de multiples stratégies visant à lutter contre le vol sur pieds et la cueillette précoce dans le but final d’améliorer la qualité de la vanille malgache, en promulguant à chaque nouvelle saison de nouveaux textes réglementaires qui, s’ils ne sont pas en contradiction entre eux-mêmes, ils sont parfois inutiles, et même anticonstitutionnels , mais surtout, ils se sont tous avérés inefficaces.
Pour cette saison 2017-2018, avec la bénédiction de la PNV et le soutient des autorités régionales, un groupement formé par une association de professionnels de la vanille, connu sous le sigle GPAS a mis en place un système pas très orthodoxe consistant en une prime à la délation en promettant une récompense de 400 000 Ar à 1 000 000 Ar à tout individu fournissant des renseignements sur un cas de vol, de cueillette ou de transaction de gousses avant la date prévue par la loi. Et contre toute attente, les cas de vols déclarés ont chuté nettement et les gousses semblent enfin parvenir paisiblement à maturation sur pieds. C’était pas si compliqué, il fallait juste y penser !
La gousse miraculeuse est sauvée par la délation.

VANILLE RECOLTE 2018: LES TRANSACTIONS SE PASSENT EN COULISSE
Le hic c’est que, la floraison ayant débuté plus tôt que d’habitude et s’étant étalée sur plusieurs mois, la maturation des gousses suivant le même rythme que la pollinisation, à un mois de la date d’ouverture officielle de la campagne de récolte, il y en a qui commencent déjà à se fendre par excès de maturation et si elles ne sont pas cueillies et traitées à temps, elles pourriront sur pieds.
Ne trouvant aucun argument pour répondre aux plaintes des cultivateurs, les autorités ne peuvent qu’accorder une clause d’exception dans l’application des textes fixant la date de récolte et autorisent alors les fermiers à cueillir toutes gousses constatées matures, à la seule condition de les déclarer auprès des autorités de proximité, le Fokontany. Et pa ta tra ! c’était l’exception de trop, la brèche attendue par tous : en ce jour, un mois avant la première date de récolte prévue par la loi, 80 % des gousses de vanille de la région SAVA ont déjà été cueillies, bien cachées dans chaque foyer des cultivateurs et pire, depuis, les transactions à 100 000 AR le kg battent leur plein en coulisse…sous le manteau, disons…par voie officieuse, dans chaque village.
Encore une fois, une nouvelle mesure qui fait plouf !
Par Tanavolahy Sambava
Cet article a été sponsorisé par VANILLALAND SPICES
