
Et si le volume exporté ne constitue que la moitié de la production globale, OU PASSE DONC L'AUTRE MOITIE?
Mr. X exportateur sérieux et expérimenté, a conclu un deal avec son client étranger après avoir bien étudié le marché et bien analysé la tendance des prix. Pour déterminer le prix FOB qu'il a convenu avec son client il s'est basé sur un prix d'achat de 500 000 Ar le kg promis par un fournisseur, un spéculateur local. Le jour où il est venu prendre livraison et payer le fournisseur, celui-ci déclare que malheureusement un autre client potentiel a promis d'acheter son lot à 550 000 Ar le kg! Désemparé Mr. X cherche et trouve un autre stockeur qui dispose encore de plusieurs tonnes de gousses préparées et avec celui-ci c'est 600 000 Ar ou rien! Ne se décourageant pas, il retourne vers son client pour tout rendre compte et renégocier le prix FOB. Marché conclu sur la base d'un prix d'achat au local à 600 000 Ar le kg et revient immédiatement chez le fournisseur des gousses de 600 000 Ar le kg...celui-ci affirme que le prix a déja augmenté...! Et la galère continue jusqu'à ce que Mr X jette l'éponge et laisse s'envoler la commande. Une galère qui concerne plusieurs exportateurs à cette période d'intersaison 2015-2016 vers la fin du mois d'Avril.
Ce qui est intriguant c'est que ces détenteurs de gros stocks de vanille ne sont ni préparateurs-acheteurs ni exportateurs. Mais de gros bonnets, réputés pour leurs gros sous, les nouveaux milliardaires de la région.
Et la réponse à la question est là! la moitié de la production vanillière de la saison 2015 est entre les mains d'une poignée de personnes qui les ont achetées sans aucun soucis de rendement, en surenchérissant sur les prix aux producteurs pour éliminer les acheteurs traditionnels agissant pour le compte des exportateurs traditionnels, et ensuite acheter le plus possible dans un minimum de temps. A cause de leur comportement d'achat, ils ont favorisé la tendance générale à la spéculation phénomène qui à son tour, à poussé à la généralisation des procédés artisanaux de mise sous-vide à l'aide de rudimentaires aspirateurs de ménage couplés avec de simples soudes-plastiques.
Et ces personnes, milliardaires, ne sont nullement pressées de vendre leur stock. Et pour cause, elles y trouvent un nouveau jeu pour se distraire; à chaque passage d'un acheteur potentiel qui entame une négociation, elles surenchérissent sur le prix.
Et ils ne manquent pas de clients, en rupture de stock et pris au dépourvu par cette hausse surnaturelle des prix de ce denrée, pourtant primordiale dans la composition des produits vendus par leur entreprise, qui n'ont aucun choix que d'en acheter un minimum de quantité. Mais le résultat sur le marché ne se fait pas attendre: le bruit court selon lequel Mr X a vendu son lot à un prix exceptionnel de telles centaines de milliers d'Ar par kg et tous les autres détenteurs de stocks s'alignent sur ce prix, voire surenchérissent davantage en espérant en vendre plus cher. Et le phénomène perdure.
Par Tanavolahy Sambava